Oyonnax sur le toit du monde du trot

Journée de Prix d’Amérique ce dimanche à Vincennes. Journée réglée comme du papier à musique, tout y était : grands chevaux, très belles courses (j’aime particulièrement les deux dernières du programme, qui révèlent chaque année de très bons poulains, notamment étrangers), beau défilé avant la grande course (enfin un vrai défilé à Vincennes !!!), un public très nombreux (40 000 personnes, Vincennes plein comme un oeuf), une belle ambiance à laquelle les groupes de supporters (Orlando Sport, Rolling d’Héripré, Meaulnes du Corta, etc.) ont fortement contribué. Une vraie fête du trot donc.

La grande course était très ouverte, et son affiche alléchante : un crack tenant du titre contre deux jeunes aux dents longues. Personne n’imaginait un autre qu’eux passant la ligne en tête. Et pourtant ! La guerre au départ, comme d’habitude, puis Meaulnes du Corta tête et corde après les premières escarmouches entre Nouba du Saptel et Olga du Biwetz. Ready Cash au galop dans la plaine, Rolling d’Héripré toujours bien placé mais jamais menaçant. Les jeunes n’y étaient pas.  Oyonnax jamais vu du parcours, le parfait suceur de roue (cette fois) mené à la perfection par Sébastien Ernault, à l’opposé de ce Cornulier dans lequel il était tendu comme un arc et avait filé en tête et fini dans le dur. Cette fois, le cheval rose avait compris.

Vincent Brazon adore son cheval. Il a fait avec lui un travail incroyable depuis des années. « Sans maîtrise, la puissance n’est rien »; lui a dompté Oyonnax. Et pourtant, on avait des raisons d’en douter il y a tout juste une semaine, car la récompense ultime devait arriver le 24 janvier dans ce Cornulier annoncé comme son objectif de l’année. Sauf que le destin en a voulu autrement; il a voulu lui offrir la récompense suprême. Il a voulu que le plus beau cheval du peloton soit aussi le meilleur. Il a voulu récompenser pour la nième fois cette souche exceptionnelle du stud book français, celle de Dourga II : Dream with Me, Arnaqueur, Daguet Rapide, Quatre Juillet, Indy de Vive et tant d’autres champions semi classiques et vainqueurs de groupe I. Étalons et grandes poulinières. La griffe de … tiens tiens … Jean Pierre Dubois. Encore et toujours lui, surtout qu’Oyonnax est par … In Love with You, encore un étalon estampillé du chef.

1’12″4 (chrono plus que correct même si le record n’est pas battu), une course limpide, un tentant du titre qui est loin d’être ridicule, et un beau dauphin. Une belle course ! Un mot d’ailleurs du dauphin : Quaker Jet avait l’air de ne pas digérer sa 2ème place. « On court pour gagner » a-t-il dit, le sanglots dans la voix. On le comprend aisément. Le Prix d’Amérique, c’est particulier. C’est une vie pour ces mineurs des pistes, levés à 6h tous les matins. Cette course, on n’a pas tous les mois la chance de la gagner. Alors être le dauphin vous mange les tripes. « Qu’ai-je fait de mal ? Me suis-je trompé ? » Non, Pierre, 1 an et demi après la perte de votre fils, vous avez mené une grande course, soyez en fier. Il y a 6 moi vous boitiez bas, et ce dimanche vous êtes sur le devant de la scène. Le talent, le travail, la rage d’avancer.

Sur la ligne en tous cas, Pierre Levesque à la banane. Son champion Meaulnes du Corta est battu, mais il n’a pas été ridicule, loin s’en faut. Il est surtout heureux de voir ses deux meilleurs amis du trot terminer 1er et 2ème : Sébastien Ernault, son élève (presque un deuxième fils), et Pierre Vercruysse, son ami, ancien pilote de Meaulnes du Corta. L’histoire qui aura d’ailleurs voulu que Pierre Vercruysse supplée récemment Sébastien Ernault au sulky d’Oyonnax. Vous connaissez la suite …

=> Photos Vincennes 31 janvier 2010 <=

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Sébastien Ernault exulte : Oyonnax a été le plus fort, et lui avec.